Merci à Leïla S pour l’enregistrement audio et la transcription écrite,
à Olivier D et Antoine L pour leurs enregistrement vidéos
Au vu de mon état de santé, ne sachant pas si on se reverra à d’autres stages, j’ai voulu partager avec vous un peu de mon aventure Shintaïdo, ce que je ressens aujourd’hui, mon regard sur les choses ;
j’ai fait un petit décor « one man show » avec le verre et la bouteille de vin posé sur le tabouret haut pour détendre l’atmosphère car ce n’est pas une conférence .
Je suis revenu à Sauve, 22 ans après , dans ce beau village médiéval ou j’ai vécu 8 ans en famille , pour recevoir les soins appropriés à mon état de santé , j’ai pu ainsi me rapprocher de mes enfants ,qui eux aussi sont revenus au village , de mes petits-enfants et de vieux amis …Ici en stage, avec vous ,je ressens aussi cette famille ,
C’est si bon d’avoir des amis(es)…
Comme je l’ai proposé au stage d’été je vous demande si possible une « Écoute profonde » et bien sûr je vais tenter de vous parler vrai, avec mon cœur.
Je travaille actuellement sur le témoignage de mes 45 ans de Shintaido , Shin-Anma-Shiatsu , Taïchi etc…. Un témoignage d’environ 50 pages basé surtout sur l’énergie forte et positive que l’on a vécu dans le Shintaido et que je souhaite transmettre aux futures générations. J’ai d’ailleurs proposé aux anciens de partager aussi leur expérience, dans ce même but, à suivre donc…
Le plus important pour moi dans la pratique est de retrouver l’état originel , à savoir être libre et exprimer cette énergie de joie et d’optimisme, qui est née de la Rakutenkaï *et qui doit continuer .Cette belle énergie qui transcende le blues sociétal actuel , née sur les cendres de Hiroshima et qui traversera les époques.
J’ai eu la chance, de participer au 1er stage international de Shintaido en 1980 , en présence des senseï * Aoki , Hokari , Egami fils, Ito et ça seulement après 1 an et demi de pratique sous le goreï de Robert Bréant .
Quelle chance encore, par la suite sur les plages de Los Angeles, de servir de « sparring » partenaire à Ito senseï, Robert B , Claude B, chacun s’entrainant sur » ma pauvre chair » aux nagewasa – les projections style jujutsu- .J’attaquais tsuki ,shuto , tsuki , shuto et je me faisait projeter non-stop au sol pendant plus d’une heure . Puis mes senseï me déposaient dans la maison de Claude à Vénice, devant une énorme pizza et des bières , et…dodo !
« demain, on fait quoi ? » « On va à la plage , on va pratiquer … «
Ito senseï était sévère avec moi à mes débuts , il ne s’en rappelle probablement pas… ( clin d’œil ) mais par la suite , un peu moins sévère, j’ai compris plus tard pourquoi… ( il avait rencontré Nicole … Ah d’accord, moi je pensais que j’étais devenu meilleur …( re clin d’œil )
A l’époque , Ito venait nous chercher le matin pour le keïko dans le parc de San Francisco , moi et mon ami Manhcho, un « bricoleur de la pratique » , et Ito était charmant avec lui…
Pour moi le traitement était différent, peut-être Ito savait-il déjà que j’allais continuer…
Je n’avais pas l’habitude de cette autorité martial, j’avais vécu en liberté en partie dans les bois, issu des quartiers populaires …avant de pratiquer , avec les bons copains de l’époque ,on se faisait cuire des saucisses bien arrosées de vin , c’était très différent des codes des arts martiaux , je ressentais une injustice devant ma réelle envie de pratique , mais ceci était plus dû à mon ignorance des codes non-dits.
Ces 3 première années de pratique intensives de Shintaïdo m’ont donné la force , la confiance pour un voyage de 4 mois en stop à travers les USA
Quand j’avais 12 ans, dans la Maison de Jeunes et de la Culture – un préfabriqué en bois – il y avait des « allumés » dont Robert et son frère ainé Claude qui pratiquaient, Sogobudo renmeï . dirigé par Marc Bassis un Karatéka Shotakaï qui venait de rapporté du japon ce qui devint le Shintaido. Leur pratique était épurée ;Kaïkyaikushô et Eïko , juste ça …
La 1ere fois que j’ai découvert Shintaido, c’était la nuit dans les bois, des « bruits de sangliers », il y en a pas beaucoup par là-bas, j’appris que c’était Robert Bréant et François Meyer qui faisaient un kumité .
Je suis arrivé 10 ans après la sogobudo , alors je pensais : ils vont être calmés. J’ai donc rencontré Robert , il était en train de mettre sa cote de travail et je fus impressionné par ses énormes cuisses déformées par des kilomètres hebdomadaires de sauts et par cette poignée de main si franche et son regard direct .2 jours plus tard, sans tarder, je prends mon 1er cours, en privé, avec Rachid. Au programme,très simplifié ,dans les bois , pratique de Eïko, plusieurs tours de terrain sauvage et bosselé grand comme un stade de foot ..Mais Eïko avec le Bo pour épicer la chose et comme cela ne suffisait pas, on l’a fait en Kaïkyaikushô( petits sauts de « grenouilles » et évidemment après ça j’ai descendu les escaliers à l’envers pendant une semaine , tous les anciens connaissent cette « marche méditative » inévitable à l’époque. Je n’analysais pas à ce moment mais je ressentais que je tenais quelque chose de puissant et de libérateur dans mes mains et que je n’étais pas prêt de le lâcher.
J’ai senti quelque chose de rare et authentique en Robert et dans sa pratique .j’ai donc suivi son enseignement pendant 15 ans à une époque « un peu folle « de la fédération FFdS.
En 85 , j’ai commencé à enseigner sur la côte d’Azur à Grasse où je vivais et à Nice , Cannes etc..
J’en ai gardé un souvenir amusant ; Je devais faire un blabla sur une thématique de communication sur « le corps message de l’univers » ,dans le cadre du « Shintaïdo-entreprise management » avec une thématique sur la communication à Sofia Antipolis. Jean Marc Ottobruc est venu avec son attaché-case pour ma « conférence » avec les mecs du CNRS…
Ok, d’entrée je dis aux ingénieurs , attachés de mission diverses etc..; « On va pas parler , on va pousser les tables , les chaises , les verres de whisky et on va communiquer avec le corps Wakame Taïso kumité…. Les mecs, ils étaient mal au début…
A la fin, la pluie est tombée sur la véranda pendant la méditation debout , un moment de grâce comme la Nature sait l’offrir . et là …cela a été un » Ah » collectif , un vrai flash pour certains, très apprécié dans les feedback . Jean-Marc lui , a sauté dans le bateau , il a fait partie de l’épopée de Grasse… tu as connu cette époque aussi JP n’est-ce pas ?
à cette époque, Ito senseï m’avait donné un conseil, c’était au début que j’enseignais. Un cours de Bojutsu avec entrée, plat , dessert , café gourmand… Il m’a dit c’est trop, tu donnes trop, il faut donner un peu parce que les gens vont être gavés et ne vont plus revenir.
A la fin de l’aventure fédération à Poissy , j’ai profité d’un break pour Voyager en camion en « mode routard » à travers l’Afrique , avec mes 4 enfants, toujours porté par l’incroyable énergie du keïko » courrez , courrez jeunes gens, l’avenir est à vous… »
Ensuite, est venu l’expérience du Centre d’Arts Corporels .Les gens me disaient que la pratique étaient exigeante…Ah ah ah , s’ils avaient connu les étapes précédentes… et je savais ce que mes sempaï avaient fait à la Rakutenkai .
Dans notre centre de 50m2 ,dans un vieux mas vinicole, incluant un dojo de 40m2 , une cuisine , une douche, wc et de beaux dojos extérieurs. Nous avons fait durant 10 ans environ une centaine d’ateliers d’une journée, plus des stages de 2 jours chaque saison – au centre et sur plages sauvages de Camargue et des dizaines de stages de formation au Shin-Anma-shiatsu de 2 à 5 jours , ainsi que les stages de saisons avec Ito senseï, les 5 dernières années. Dans notre minuscule cuisine nous avons dû servir environ 5000 repas. Ce fut une riche expérience .
Puis le Centre D’Arts Corporels a passé le relais des stages avec Ito senseï à l’Institut des Nuages Flottants, créé pour l’occasion, et est devenu les Ateliers de Vie et Nature.
Aujourd’hui, on se dit que c’est bien aussi la pratique douce !
Pour apprendre à piloter un avion, c’est pas la peine d’apprendre à faire du vélo, puis conduire une voiture. Idem, pour Shintaïdo, aujourd’hui il y a des chemins de pratique moins ardus et tout aussi rapides.
Au début de ma pratique, pour construire le » meuble shintaïdo » , on abattait des arbres, nous avions un peu « une pratique de bûcherons », puis vint l’étape où l’on faisait les planches, ensuite on a commencé à faire l’assemblage. Puis avec Ito senseï , en partie grâce aux AVC , merci , c’était mieux que ça soit lui que nous – rire général – on en est à la marqueterie .
On est même arrivé au stade du vernis tampon à la main . Ainsi Ito nous amène directement à l’essence … En profondeur et en douceur, une pratique qui correspond plus aux besoins de notre époque , sans perdre l’essence !
Quelqu’un a dit « Aoki senseï est l’architecte et Ito senseï le maître d’œuvre « .
Je pense que Aoki senseï, aidé par le groupe de la Rakutenkaï est l’artiste , le créateur du projet , Ito Sensei est l’architecte, quant à nous, les goreïshas , nous essayons d’être des maîtres d’œuvres, et vous les élèves pour l’instant, vous faites les manœuvres ( rires) .
C’est comme cela que ça se transmet. Alors un grand merci aux anciens !
Dans le Shintaido, je ressens profondément ces liens d’amitié directe, c’est une grande famille, des anciens aux nouveaux !
Aujourd’hui, face à la maladie je ne peux plus partager encore, mon corps ne peut pas suivre
Mais j’aimerais vous transmettre , partager ce que le Shintaïdo , le Taïchi , le Shin-Anma Shiatsu m’ont apporté.
Un truc incroyable, cet été, je ne pensais pas pouvoir enseigner aux Milles Pouces et grâce au désir de partager cette sagesse des katas, j’ai eu l’énergie pour enseigner 2 fois 1h par jour. Vous savez, il y a le thème général, cet été j’avais proposé » l’écoute » mais moi quand je vais à un stage, j’ai toujours un thème personnel et cet été, aux Milles pouces, c’était accepter, aider, aimer .
Pour ce stage d’Automne Ito m’a dit : le thème » écouter » est bien , c’est philosophique, mais cette fois si on y faisait quelque chose de plus concret, et il a proposé « assister, s’entraider »
Dans la vie on parle beaucoup d’amour, mais parfois on se prend une belle part du gâteau, oubliant les autres, provoquant inconsciemment des inégalités. Alors ce thème m’a beaucoup plu, ça résonnait en moi ; donner de l’amour par du concret !
Le Shintaido pour ma part est magique, pour cela je remercie profondément Aoki Sensei . Au passage je suis clairement conscient et depuis longtemps que Aoki Sensei, comme tout être humain, a des défauts et des qualités … je n’ai jamais pratiqué du Aoki Sensei, j’ai pratiqué le Shintaido, ce qui est très différent comme approche de la Voie.
Aoki sensei, j’aime sa façon de laisser chacun libre de découvrir, il ne dit pas « la vie c’est comme si , c’est comme ça « , il enseigne direct par le corps et tu te débrouilles , tu es libre de tes propres compréhensions et à un moment donné, toi même tu fais « Ah !, Oh !» J’ai donc pas besoin d’un mec qui m’explique comment est la vie, je suis assez grand pour y aller en direct , moi-même , personne ne peut respirer à ma place. Lui, il te propose des formes pour que tu touches à cette essence. J’ai vu que le Shintaido , est hyper rapide pour toucher l’unification dont on parle et le sens même de la vie, c’est fulgurant de rapidité. Le truc, c’est que souvent, vous ne vous en apercevez pas. Quand on le vit, on ne peut pas prendre le recul. Pourtant quand on regarde deux personnes pratiquer, on voit le corps de l’un bouger sans que l’autre ne l’ai touché… c’est l’essence de la pratique, « La volonté de Dieu », cela va si vite , pour ma part dès mon 3eme Keiko, j’ai ressenti quelque chose de puissant , de libérateur , j’ai compris bien plus tard que c’était ça le Toaté.
Une fois, j’ai demandé aux gens, qu’est-ce que vous avez ressenti, et tout le monde, est plus ou moins tombé dans l’intellect. Mon fils Kiên qui devait avoir 11 ans a dit : « j’ai senti la sueur sur mes joues …je suis ému en repensant à ça , il avait touché l’essence, il était si jeune . L’Art d’Aoki senseï est vraiment une transmission authentique , radicale – au sens premier – par le corps !
C’est fulgurant, mais vous ne le savez pas… porter attention au moment présent que vous vivez, vous le savez bien le chemin n’est pas le but, le but est le chemin… quand vous pratiquez vous êtes dedans…c’est pas la peine de demander au voisin… donc la pratique est directe et merci Ito Sensei d’avoir simplifié, organisé le message,. Très vite j’ai baigné dans l’essence de la pratique grâce à Robert et plus tard avec Ito Sensei, j’ai compris l’architecture et aussi comment transmettre. Et maintenant comment voir cette essence dans la vie de tous les jours.
A titre personnel, je vais peut-être mourir bientôt… ….
Les Chinois disent « L’homme planifie, le ciel accomplit »
J’ai ce sentiment aussi que moi aussi j’accomplis un peu …(rire ) vous voyez ce que je veux dire .. Les Arabes ils disent Incha Allah, moi je dis il n’est pas tout seul…non mais c’est vrai, on a une part là-dedans, donc si je veux être heureux cela me regarde, c’est aussi un choix.
Quand on sait qu’on va mourir, cela va plus vite, on enlève le masque…Je n’ai pas peur de la mort … vous savez pourquoi ? Parce que je fais du Shintaido … certains racontent qu’après la mort, il y a ceci, il y a cela … raconte ce que tu veux , moi je sais rien à ce propos …mais ce que je ressens, c’est que avant , pendant , après c’est la même essence. Celle que j’ai ressentie avec mon corps grâce à la pratique et qui fait partie de ma Vie aujourd’hui.
Alors on me dit, il y a la naissance et la mort c’est la fin de la vie. Non, non , l’essence de la Vie est toujours là. Le problème est que si pendant la période de la naissance à la mort, l’incarnation, on ne ressent pas l’essence de la vie, c’est un peu dommage, non ?! … Alors si, on se demande ce qu’il y avait avant et après, ben, c’est la même chose que pendant, non ?! ( rires) ,
Alors, après, savoir si on est réincarné etc , j’en ai rien à foutre, ça conditionne en rien mon présent
Le futur pour moi c’est juste le présent qui se déplace. On ressent tout cela dans le keïko, n’est pas ?
Ma vision, que bien d’autres partagent, est que je suis une goutte d’eau ou une vague et je repartirai dans l’océan, est-ce que c’est cette même vague qui va ressortir ? Non, peu de chance . (rires )
Je vous partage ma vision et je suis d’accord avec toutes les religions, mais pas avec les dogmatismes parfois des églises, mosquées, temples , synagogues etc…
Aussi parce qu’on y parle de l’après, si tu te tiens bien et tout ça…Mais le paradis c’est ici , tout de suite , on le vit maintenant, on le sent ça, non?.
Arrêtons d’aller voir des Gourous , des spécialistes qui nous expliquent la vie. Il y a un monsieur qui s’appelle Krishnamurti, il a passé sa vie à dire cela …. Et les gens le suivaient …Wouarf c’est drôle, hein …
Le Shintaido, c’est tellement direct. Partager, s’entraider, et on est en plein dedans ! Je trouve que c’est une méthode incroyablement simple et accessible surtout aujourd’hui avec le travail pédagogique hors norme d’Ito senseï.
Au passage, j’en profite pour vous dire qu’il faut éteindre la radio et la télé, c’est du bourrage de crânes ! ( rires )
Je n’ai pas vraiment peur de mourir, mais je suis attaché, à ma petite personne ( rire ), à vous, à mes enfants, à la Nature, à laVie … l’attachement , c’est un peu le drame humain, c’est pour cela que je ne parle pas trop d’amour … Car l’amour quand c’est tenu par l’attachement, c’est pas vraiment de l’amour, c’est un peu de la névrose…Mais l’attachement c’est humain, c’est beau aussi cette comédie humaine !
Pendant une méditation avec un ami moine bouddhiste j’avais proposé comme thème de méditation
» se détacher du détachement » ahahah !!!
Mes amis , je ne suis pas en train de vous dire « La » vérité…je partage sincèrement ce que j’ai ressenti et ça avant de partir … S’il vous plait, voyez le comme ça.
A propos de l’éveil, lorsque tu pratiques, tu sais quand tu touches quelque chose d’essentiel et pas seulement dans la pratique d’ailleurs… t’as pas besoin que les gens te disent les choses sous prétexte qu’il a eu un « éveil », c’est pas le seul … d’une certaine façon on est tous éveillés, sinon on serait mort. On l’ignore souvent , heureusement on a tous des satori *
Alors, j’aime que les « éveillés » aillent vendre leur soupe ailleurs. Les bibliothèques en sont pleines de ces histoires d’êtres merveilleux plus élevés spirituellement . Qui a dressé cette échelle de valeur ? Je préfère lire le livre de la Vie et la pratique en aide bien la lecture directe !
Une image m’est venue ces derniers temps à propos du fait que j’ai du mal à mourir à cause de l’attachement ; C’est un peu comme à Cap Canaveral, toute l’énergie qu’il faut à la fusée pour se détacher de l’attraction terrestre, c’est énorme, c’est ça qui me parait difficile quand on va mourir et puis petit à petit ( si tu as du temps pour ça, et vaut mieux pas être trop tardif (rires) ça vient, et tu commences à lâcher des étages de la fusée, et c’est cool, et les autres en bas ils sont là « Ah, il est plus là, le malheureux… » mais en fait … entre nous, ils sont jaloux (éclats de rire général) et c’est vrai, on pleure parce qu’on est un peu jaloux (on le sait pas inconsciemment ) Nous, on reste là avec le poids.
Du coup, si on sait cela, il faut pas trop s’emmerder dans la vie, il faut surtout pas essayer d’avoir raison.
Vous avez vu pendant le Covid, beaucoup de bons amis se sont engueulés stupidement.
Clélie m’a sorti un truc d’un poète et j’adore … « A avoir raison, je préfère le bonheur »
Quand on commence à discuter avec quelqu’un pour donner notre avis c’est super, c’est de la nourriture, un vrai cadeau … mais dès que l’on veut avoir raison, ça devient vite du poison, on perd des amis ainsi… après tu lui en veux parce l’autre il a tort, tu n’admets pas son avis , tu vas porter cela toute ta vie des fois …. L’autre même s’il a changé, tu lui en veux encore…moi aussi j’ai fait ça , souvent, par ignorance. Arrêtons avec ça … puisque de toute façon personne ne sait rien (rires)
Pour moi la Shintaido ne suffit pas , c’est une étape . Aïe , qu’ai-je dit ! Blasphème ah ah ah
j’ai découvert récemment les termes : Samatha et Vipasana .
Samatha, d’une certaine façon, on pourrait dire Fang song , détente …
Bodhidharma, il est dit… qu’il est venu apporter des pratiques aux moines car soit ils s’endormaient, soit ils mentalisaient pendant la méditation.
Finalement avec la pratique du Shintaido dans l’état Fang song, l’état zéro , tu laisses le mental et tu regardes avec ton esprit pur, dégagé de préjugé, de dualité.
Je voudrais m’arrêter sur ce point avant de passer à Vipasana,
L’immaculé conception, la Vierge Marie est souvent rejetée (au passage , je respecte les gens qui sont dans la voie de la dévotion , il y a tant de chemins..… )
La symbolique de la Vierge Marie pour moi, c’est vraiment la symbolique de Tenchijin et dans Yoshin * du Shintaïdo . Vous savez quand on devient vierge de toutes tensions, physique ou psychique, vous l’avez tous senti dans la pratique ou dans votre vie quotidienne à un moment donné. A ce moment, le Saint Esprit, le Souffle de la Vie, le Kokyu (souffle , énergie ) nous pénètre, on devient fils de Dieu, on règne sur le Tout, on ne fait plus de différence entre ça et ça, on se sent juste bien, à l’aise, totalement Fang song.
Parfois les pratiquants arrivent en disant » oh làla, je suis fatigué, j’ai pas arrêter de bosser etc . Je pense qu’il est bon de préparer son état avant la pratique et donc d’utiliser aussi la pratique pour aménager son mode de Vie de sorte de ne pas être toujours fatigué. Les personnes qui utilisent vraiment la pratique nettoient la vieille énergie et ils peuvent aisément devenir « vierges « , le Saint Esprit, l’énergie neuve peut les pénétrer, pénétrer notre conscience, l’effet Tenchijin, du « conduit de cheminée » la conscience devient vierge. Pour moi Tenchijin n’existe pas seulement verticalement, tu peux le faire dans plein de directions comme le propose le Toïtsukion – Daï jodan, Jodan, Shudan, Gedan –
Quand on est dans cet état Samatha ou le « point zéro » du Shintaïdo, alors on est prêt à regarder, non pas avec nos vieux regards, le mental, lui, se nourrit du vieux monde, il se nourrit du passé. Au delà, il y a l’esprit neuf – l’esprit sain –
Ahahah ! j’ai l’impression de prêcher, non , non , c’est juste un partage amical, horizontal de ma vision …
Après avoir atteint l’état de Samatha, là où nous mène la pratique, commence une autre étape appelée Vipassana , à savoir la Vision pénétrante . Si vous faites Vipassana directement sur le Zafou, vous allez passer votre temps à essayer de calmer le mental ou aller dans un espace tranquille, ailleurs dans un autre espace « cool » , vous vous dites alors, « Ah, ça c’était une bonne méditation ». Pour moi, c’est pas la méditation, c’est une forme de relaxation. C’est utile et agréable mais ça ne va pas chercher en profondeur de la connaissance de soi et donc les « problèmes « reviennent sans cesse et alors je développe un besoin de pratiquer sans cesse …Vous le savez, cette « vision pénétrante » petit à petit, on peut la conserver pendant la vaisselle ou autres actions quotidiennes. C’est super de sentir que petit à petit on est habité du Saint Esprit, de cet énergie nouvelle qui suit le flot de Vie. Comme je suis vivant, incarné, j’ai envie de vivre cette réalité incarnée. La vie ne se passe pas que dans l’absolu, c’est bien dans les choses concrètes de la vie que je peux toucher l’essence même de la Vie. Pour cela, la pratique a quelque chose de très concret, très dans l’instant. La Vie avance comme l’eau dans un ruisseau, on ne peut pas la capter que dans le moment présent et furtif.
Je vous parle de ça parce que ça fait 7 ans maintenant que je pratique plus ou moins la méditation assise, et la marche dite méditative, et j’ai remarqué que si j’ai pas fait une pratique avant alors les pensées ne s’arrêtent pas, j’essaie de faire le vide … ça ne marche pas. D’ailleurs d’un point de vue oriental, le vide est lié aux notions d’interconnexion, rien n’existe par soi-même, et d’impermanence. Le vide devient plein de tout. D’un point de vue occidental, le Vide, ça fait peur , c’est le Néant. On peut méditer sur les Deux , c’est intéressant !
Pour ma part, quand j’ai fait la pratique, je me sens vide de ce qui sert à rien et je suis plein du présent, d’un esprit neuf, comme ça je peux regarder, non pas avec mon mental avec un regard neuf – le Shin de Shintaïdo .
C’est à partir de là, qu’on va pouvoir commencer à observer les parties d’ombre, ou de lumière en soi, les qualités, les faiblesses – observer, détendu, sans juger. C’est juste Vipassana et ça fait tellement de bien, ça amène tellement de responsabilité et de liberté de Voir. En général on préfère les qualités (rires ) mais c’est sans jugement, juste observer pour se connaître. Tu veux te connaître ou tu veux être quelqu’un d’autre ?
Si tu veux être quelqu’un d’autre, si tu veux devenir quelqu’un de meilleur, quelqu’un d’autre, tu crées un conflit entre Toi et celui que tu voudrais être. Il en va de même pour les situations, on peut les reconnaître pour ce qu’elles sont ou vouloir quelles soient différentes et la, çà génère beaucoup de souffrances. Je dis tout cela parce que lorsque l’on pratique le Shintaido, on cherche juste à Être qui l’on est véritablement, Être naturel , Libre.
Je vous donne un exemple, je suis malade et je vais mourir d’une tumeur … j’aimerai bien ne pas être malade, aller mieux, du coup j’ai remarqué que je crée un conflit entre la réalité et ce désir. Le « problème « c’est pas ma situation, c’est le conflit … et dernièrement, je me suis dit , la mort n’est pas un problème, c’est une situation, la maladie c’est pas un problème, c’est une situation … qui c’est qui fait un problème ? C’est moi, parce que je veux autre chose que la réalité, n’est ce pas ? Et donc la pratique m’amène à agrandir mon monde , à toucher une forme d’infini dans l’espace et le temps et ainsi le dit « problème » retrouve sa place assez minuscule en fait (rires).
Grâce à la pratique, je peux m’arrêter, puis regarder en profondeur le bonhomme, ce qu’on appelle la vision profonde. Donc, pour moi, la méditation n’est pas un divertissement au sens divertir, sortir de la voie, mais plutôt sortir de l’ignorance pour devenir libre.
En tous cas, cela me rend heureux !
l’humanité, la société, elle est faite de nous tous , nous sommes dans une co- production mondiale !
Quand j’ai commencé à méditer Vipassana, j’étais assez mal, c’était avant de quitter le Centre d’Art Corporel, je me suis retrouve sous mon arbre ah ha ha… je me souviens, que j’avais pleuré à la clôture d’un stage à Lezan, j’avais parlé des générations futures. Je partage ici mon expérience, maintenant, les mots que je vais utiliser sont pour moi, disent ce que j’ai ressenti, s’il vous plaît, ne les prenez pas pour vous comme une attaque ou pour culpabiliser, merci !
J’ai remarqué, en méditant sur ce sujet, que mes petits plaisirs personnels pouvaient parfois amener d’énormes dégâts. C’est sympa les plaisirs mais je ne suis pas seul, nous sommes 7 milliards dans la grande et belle famille humaine. C’est vrai que j’ai un peu de mal quand on me « prend la tête « avec la misère dans le monde ou quand on me parle de la guerre, des problèmes écologiques et que nos modes de vie ,me semble-t-il, participent à tout cela.
S’il vous plaît, ne nous arrêtons pas à l’étape Samatha, juste pour nous sentir bien . C’est déjà une très bonne chose mais c’est loin d’être suffisant.
Nous sommes « implantés « dans des pays riches, privilégiés, avec l’aisance matérielle, l’information, les systèmes de santé et de justice. Forts de cela, nous avons tous le pouvoir de transformer ce qui peut nous apparaître comme ignoble c’est-à-dire non noble. Si nous en prenons conscience et si nous en avons le courage, en libérant nos peurs, nous pouvons vraiment apporter au monde en devenir.
Bien sur, on peut changer les ampoules, manger bio, avoir une meilleure communication etc..
et c’est super, mais je pense que nos moyens d’existence amènent des dégâts, soit par inconscience, soit en ne voulant pas Voir.
Au Shintaïdo, je suis triste, je vous le confie, de constater que nous avons du retard sur plein d’autres mouvements portés par la jeunesse, par exemple en permaculture et bien d’autres …Au niveau de la communication, c’est vrai, nous sommes une famille, avec de beaux échanges mais c’est justement pour ça, parce que nous avons une pratique, que nous avons la chance d’avoir des Sensei, une lignée de sempaï que les bouddhistes appellent le maître, nous avons une Voie , un Do ( le Dharma ), des groupes ( Sangha )
Je dis cela pour libérer quelque chose, la pratique est là pour éveiller notre lumière et cette lumière on doit l’utiliser pour éclairer aussi nos modes d’existences.
Si je peux continuer à vivre, je pense que je vais me rapprocher de cette jeunesse, des groupes qui ont rapport avec la nature, le vivant , les changements de mode de vie .
D’une certaine façon, nous pouvons, avec pleins d’autres groupes émergents, porter l’espoir d’un nouveau monde , j’y crois !
A la lumière de cette belle pratique, même si ce sont des petits pas, c’est énorme ce qui peut être fait, si chacun écoute son monde intérieur.
Aujourd’hui, il m’est difficile de pratiquer avec le corps, mais la maladie m’a permis de développer d’autres ressources. Ma nouvelle pratique consiste à porter mon attention, si possible à chaque instant, sur tout ce que je remarque de merveilleux autour de moi, par exemple la beauté des rues du village, les enfants qui jouent sur la place, le plaisir des siestes dans le hamac, la grâce de la rivière qui s’écoule etc …mais aussi à ce qui se passe en moi, mes sensations, réactions etc … à cela s’ajoute un fort sentiment de gratitude, par exemple pour les soins que je reçois des infirmiers, l’amour que me portent mes enfants, petits-enfants et de mes amis mais aussi et ça c’est nouveau, gratitude pour cette co-production par exemple les chaussures confortables que je porte, la personne qui a fait le cuir , celle qui les a fabriquées, celle qui les a transportées , celle qui les a vendues etc…Des regards que je ne portais pas souvent auparavant et qui aujourd’hui à partir de choses simples m’apportent un grand bonheur et un sentiment de paix et de liberté .
Plus jeune, ma pratique me faisais courir après un idéal lointain, probablement pour échapper à la réalité. Aujourd’hui ma pratique a mûri et c’est dans cette réalité à laquelle je voulais échapper que je trouve l’émerveillement . Probablement fallait-il passer par là (rire).
J’ai remarqué aussi par rapport à la douleur que plutôt que la refuser ou lutter contre, si j’agrandissais « mon monde » alors elle se diluait dedans , c’est une des magies de l’accès à Fang Song, je pense que Fang Song n’est pas simplement traduisible par détente mais comprend cette notion d’expansion.
Un dernier point à propos de l’enseignement à partir de notre expérience , s’il me parait aisé au présent car le corps parle au présent, cela me parait bien plus compliqué avec les mots ( si ce n’est par la poésie ou les Aïku ) car lorsque l’on nomme une expérience avec les mots, la dite expérience est déjà passée emmenée par le flot de la vie et donc dépassée au sens premier du terme. Pour cette raison j’ai pu avoir confiance dans l’enseignement transmis au Shintaïdo ou au Taïchi.
Pour finir, j’ai beaucoup de gratitude pour la vie et tout ce que j’ai vécu.
Je vous aime
Merci
A la lumière de cette belle pratique, même si ce sont des petits pas , c’est énorme ce qui peut être fait, si chacun écoute son monde intérieur.
Suite à ce partage je vous propose le site que nous avons fait avec Clélie sur
Les Ateliers de Vie et Nature . Ces ateliers fêtent leur 6 ème anniversaire
Mon témoignage sur mes années de pratique paraîtra en format PDF à partager
et j’espère que beaucoup d’anciens nous offrirons le leur !